mercredi 13 mai 2015

Vous avez la montre, nous avons le temps



12h que nous sommes dans cette « cellule reconstituée ». La nuit est tombée. Les heures s’égrainent lentement, très lentement, trop lentement. 

L’aumônier de Lantin nous a rendu visite. Nous abordons cette question du temps. A un moment, il travaillait à la prison de Huy. Pendant quelques années, il est parti ailleurs. En revenant, il se rendait compte que les détenus étaient encore là. Sans avoir bougé. Qu’a-t-il fait, lui, pendant 2 ans ? Enormément de choses. Eux ont tourné en rond. Encore et encore, avec pour seule horizon le jour suivant ou une sortie hypothétique dans quelques mois, quelques années. Même en préventive, les détenus attendent un mois, espèrent, rempilent un mois en plus, comptent les jours et recommencent 30 jours plus tard. 

Et nous, cette notion du temps ? Après 12h, nous sommes fatigués. Dans les mêmes conditions, « sans barreau », le temps serait vite passé. Là, les minutes sont si longues. L’ennui ? L’ « enfermement » ? L’espace réduit ? La promiscuité ? Dans notre petit confort bourgeois, nous oublions cette chance de nous fixer des échéances, des objectifs, d’avoir une vraie notion du temps.

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